
Comment sécuriser sa situation financière avant de se lancer ?
Mon histoire :
Je vais parler de mon expérience et de mon tempérament. Depuis toujours, j’ai tendance à foncer dans toutes les opportunités que la vie a pu me proposer et vivre ma vie comme une suite de merveilleuses petites aventures qui s’enchainent. Ainsi, si je venais à mourir ou à être handicapé demain, je n’aurais pas de regret.
Mais, dans aucuns de mes projets, j’ai réellement pris la peine de sécuriser ma situation financière avant de me lancer. Sûrement parce que je n’avais presque rien à perdre et que je pensais que pour réussir, il fallait obligatoirement être prêt à prendre de gros risques. Aujourd’hui, je commence à penser différemment et je ne veux pas perdre le peu de choses que j’ai eu tant de mal à acquérir …
Pourquoi la sécurité ?
Après avoir exercé plusieurs projets d’entreprenariats, j’ai compris quelque chose d’extrêmement important sur moi et qui risque de vous affecter également.
Quand je vois que mes revenus s’effondrent et que j’ai l’impression que ma situation minimale est en péril, le stresse m’envahit, ça hante continuellement mes pensées et je dors mal.
Mais plus grave encore, je commence à faire du « n’importe quoi » dans la gestion de mon entreprise et je ne prends plus les décisions avec suffisamment de recul. Du coup, cela ne m’aide pas à redresser la situation. Je rentre dans ma zone rouge, c’est le début de ma limite à la prise de risques.
Tout le monde à une limite différente à la prise de risques, certains n’ont pas peur de tout miser. Ils se sentent bien avec cette décision et peuvent gérer la période de stresse. Mais si vous lisez cet article, c’est que ce n’est surement pas votre cas et que vous avez un minimum besoin de conseils pour vous préparer et vous rassurer.
“ Pour se servir de sa raison, on a besoin de sécurité et de quiétude. ”
– Patrick Süskind
Ce que vous pouvez faire :
-
Ne pas hypothéquer votre habitation personnelle pour financer votre activité.
Bien souvent pour obtenir un financement, la banque vous demande de mettre un bien immobilier en garantie, en cas où vous ne sauriez pas rembourser. Et si vous êtes uniquement propriétaire de votre habitation personnelle et que vous croyez de tout votre cœur en votre projet, vous serez tenté de mettre votre habitation personnelle en garantie. Vous ne devez pas faire ça. Et si vous avez l’impression que sans ça, vous ne pourrez pas réaliser votre projet, sachez qu’il existe toujours plusieurs solutions à un problème.
Encore plus important, il est primordial d’éviter au maximum d’impacter votre famille proche dans les risques que vous prenez. Même si votre conjoints et votre famille vous soutiennent et vous comprennent, c’est votre projet pas le leur. Il faut donc toujours montrer que l’on maitrise la situation et que l’on n’a pas perdu le contrôle, même lors des périodes très difficiles.
Devoir vendre la maison familiale, déménager et être en difficulté n’est certainement pas un signe qu’on maitrise la situation. Vous risquez de perdre bien plus que « juste » votre maison.
-
Exercer votre activité à titre complémentaire en conservant un emploi.
Ceci est la meilleure méthode pour débuter une activité en ayant peu de moyen financier. De plus, il existe des avantages fiscaux, pour cette situation, qui permettent de diminuer l’impact des investissements, malgré que l’activité n’ait pas encore atteint son seuil de rentabilité.
Néanmoins, cette situation est aussi une des plus mauvaises en terme de motivation sur la durée : lors de grosses difficultés, on a facilement envie d’abandonner et de revenir à la situation initiale, au lieu de tout donner pour trouver une solution et de faire évoluer son entreprise.
-
Avoir l’équivalent d’un an ou plus de salaire de côté pour vous permettre de vivre pendant le lancement.
C’est une situation confortable et parfaite pour le moral mais néanmoins compliquée à atteindre. Cela peut être un bon objectif de départ mais si vous faites vos calculs et que cela risque de prendre plusieurs années pour y parvenir. Il faut alors chercher une autre solution. La vie est courte et ce n’est pas dans 20 ans que vous voudrez toucher du bout des doigts vos rêves.
-
Vous associer à une structure qui génère déjà des revenus
L’association est une super solution pour démarrer ! En plus d’être soutenu financièrement, grâce à vos partenaires qui vous fournissent du travail, vous apprenez énormément des autres et vous apprenez comment fonctionne le monde des indépendants. Néanmoins, cette situation peut vous handicaper : même si vous êtes indépendants, beaucoup de décisions ne pourront pas être prises uniquement de votre propre chef. Ainsi, vous pourriez vous sentir un peu frustré de ne pas créer quelque chose qui vous appartient. Si vous êtes frustré, je vous conseille dans ce cas de créer un second petit projet dont vous serez le décisionnaire et qui pourrait exploiter pleinement votre potentiel d’entrepreneur.
-
Avoirs des revenus passif autres qui vous permettent de survivre
Evidemment, si vous avez des sources de revenu qui vous permettent d’avoir du temps tout en ayant les moyens de vivre, les risques sont minimes. Votre activité pourrait même devenir un simple passe-temps. Et la lecture de cet article ne vous apportera pas grand-chose.
-
Pouvoir être entretenu par d’autres personnes pendant le lancement ( parents, famille, …)
Quand on est jeune, on n’a rien à perdre et ça semble encore normal d’habiter chez ses parents. En plus, vu la difficulté des moins de 25 ans sans expérience pour décrocher un travail, créer son entreprise semble encore plus facile. Pour les personnes plus âgées, cette solution est aussi envisageable mais c’est préférable que cette aide soit uniquement financière au risque de paraitre socialement décalé.
-
Ne pas faire d’emprunt pour son activité si elle ne génère pas encore d’argent
Ceci est un concept plus général, si vous désirez vous enrichir, il ne faut absolument jamais faire un emprunt sans suivre quelques règles. Les seuls emprunts que vous devriez faire sont uniquement pour investir dans quelque chose qui va gagner de la valeur ou vous apportez une rente ou alors pour acheter quelque chose qu’il est impossible d’acheter autrement.
Dans le cadre d’une entreprise, vous ne devez pas faire un emprunt avec intérêts sur un concept que vous n’avez pas encore testé, et qui ne rapporte pas encore d’argent, à moins que vous ne puissiez absolument pas faire autrement. -
Négocier des avances sur vos prestations/ventes avec vos clients pour financer la mise en route
On ne pense pas suffisamment à cette option ; pourtant dans certains domaines, avoir des avances de 2 ou 3 clients permettent déjà de financer le matériel pour se lancer.
C’est un moyen très puissant qui peut vous permettre d’évoluer rapidement. Evidemment c’est plus facile si vous savez inspirer confiance. -
Garder la possibilité de pouvoir retourner travailler chez son ancien employeur.
Certains employeurs peuvent vous garder votre siège bien au chaud en attendant votre potentiel retour et certains même pourront valoriser vos nouvelles compétences. Néanmoins c’est rare et ça l’est encore plus qu’on vous le garantisse.
Mais c’est une piste à ne pas négliger, c’est pourquoi si vous quittez votre employeur pour être indépendant, faite-le de manière à rester en bon termes avec lui.
On ne sait jamais de quoi l’avenir est fait et tout comme moi, votre ancien employeur pourrait devenir l’un de vos plus gros clients. -
Vérifier les droits sociaux encore accessibles en cas de faillite.
Certains pays acceptent, dans certaines conditions, de conserver le droit d’avoir des allocations de chômage après avoir essuyé la faillite de son activité. Cela vous permet de souffler le temps de trouver une nouvelle source de revenu, ou de retrouver un emploi.
Renseignez-vous au préalable pour faire tout le nécessaire et pour y avoir droit. -
Se fixer une limite de dépense à ne pas dépasser avant de devoir repasser en mode de stabilisation financière.
Il faut savoir que plus on s’investit dans quelque chose, que ce soit une relation ou un projet, plus on y est attaché. Ce principe peut vous empêcher de voir clair et de stopper les dépenses au bon moment. Vous pouvez avant de vous lancer vous fixer une limite à laquelle vous vous jurez de ne jamais déroger.
L’art de gagner la guerre et pas juste les batailles:
J’ai cité beaucoup de choses qui pourraient vous aider mais ce qui est le plus important à retenir est qu’il faut être conscient que la faillite n’est pas la fin de votre vie, ni de votre âme d’entrepreneur. Après avoir essuyé la fin de votre activité, faites l’analyse de tout ce qui s’est déroulé et vous aurez beaucoup plus d’expériences pour retenter l’aventure.
Vos chances de réussir les étapes où vous avez échoué précédemment seront démultipliées.
“ Le vrai courage ne se laisse jamais abattre. ”
– Fénelon
Et si vous ne désirez pas retenter l’expérience, il a très peu de chances que vous regrettiez un jour d’avoir vécu cette expérience fantastique ! Vous vous êtes battu pour réaliser vos rêves…
Qu’allez vous mettre en place pour minimiser vos risques ?
Crédit photo : andregerdes / PIRO4D / jarmoluk
Révision : Elodie Piron